lundi 5 novembre 2007

GROSSIR D'AMOUR (27)

Le passage à la maternité, c’est un drôle de truc !

Cela fait, en général, des mois, des années, que l’on veut avoir un bébé, neuf mois qu’on l’attend avec impatience, qu’on est là, à lire tout ce qu’on peut lire sur le sujet… Comment il se développe, là, à l’intérieur de notre ventre, ce qu’il perçoit ou pas… Neuf mois qu’on l’imagine, qu’on prépare son arrivée…

Cela fait des semaines, que l’on a préparé le sac, acheté un lit, de petits vêtements, une poussette, des biberons, et tout le tintouin, bref, cela fait des mois qu’on ne pense qu’à ça !!!

Plus grand chose d’autre n’a véritablement d’importance, on regarde toute sa vie, on projette toute sa vie, en fonction de ce grand chambardement…

On est super amoureux du papa, on l’imagine déjà promenant fièrement notre bébé, lui donnant à manger, lui changeant ses couches, l’emmenant à son premier match de foot, ou la protégeant du méchant garçon, qui, un jour, viendra l’enlever…Tout est déjà écrit, codifié, et l’on s’imagine parfaitement inscrivant nos vies dans celles de ces personnages dont on nous rabache les oreilles depuis tant d’années… Depuis notre enfance… À force de contes de fées, et autres films débiles que nous, les filles, en particulier, nous adorons !

Et puis, un jour, ce bébé arrive pour de vrai !

On n’aurait qu’une envie, à ce moment-là, c’est d’être un peu seuls, à la maison, de se retrouver après tant d’émotion et d’attente, et c’est tout le contraire qui se produit…

On se retrouve coincés dans une clinique, avec la visite de tas de gens qu’on adore, mais qu’on n’a pas forcément envie de voir, là, tout de suite, dans un truc médicalisé et un peu impersonnel. On est là, coincés dans un lit à une place, sans place, justement, pour le papa, loin du petit nid douillet qu’on a préparé avec tant de soins !

Alors, quand la première nuit arrive, on se sent bien seule…

On est épuisée, fragile, vide de ce petit être qui vient d’arriver, et qui a déserté notre ventre…

A ce moment-là, je n’ai qu’une envie, qu’il me prenne dans ses bras, qu’on soit loin de cet endroit, et qu’on se retrouve, nous trois, pour vivre enfin le bonheur auquel nous avons droit !

A partir de ce moment-là, logiquement, la boucle de notre souffrance est bouclée, nous sommes à notre tour parents !

Finis les tourments de notre enfance, fini les manques, on doit maintenant être complets, et plus morcelés comme nous l’étions depuis toujours… Mais comment faire quand, au cœur de la nuit, on est seule, à la maternité, et que lui est si loin de vous ?!

Alors, on téléphone, durant des heures… Mais la voix ne remplace pas des bras… Et finalement, au bout de plusieurs heures, on tombe tellement de fatigue, qu’on finit par s’endormir… Mais pas heureuse, pas comblée !

Je ne comprenais pas très bien ce qui se passait, ce qui m’arrivait !

J’aurais dû être heureuse… Être maman, cela faisait des mois que je l’attendais plus que tout…

Mais désirais-je être maman, ou fonder ma propre famille pour moins souffrir ?

mardi 30 octobre 2007

GROSSIR D'AMOUR (26)


Je n’attendais qu’elle !!!

Bizarrement, je venais d’être maman, et ce n’est pas ma fille qui était à la nurserie qui me manquait, mais ma maman à moi.

J’avais mal, j’étais épuisée, trop d’émotions, je ne savais plus trop ou j’en étais, et du coup, je n’avais qu’une envie, qu’elle arrive enfin, qu’elle demande aux infirmières de me donner quelque chose pour que je puisse enfin dormir un peu, me reposer, qu’elle me rassure, bref, qu’elle s’occupe de moi !

Il faut dire qu’après avoir accouché, j’ai été ramener dans ma chambre que je partageais pour cette nuit-là avec une autre dame, et que plus personne ne s’occupait de moi !

J’avais mal, je ne pouvais pas fermer l’oeil, j’avais le sentiment que ce n’était pas du tout normal, et que tout le monde s’en foutait.

D’ailleurs, la dame à côté de moi, qui avait accouché, elle, en fin de soirée, ne souffrait pas du tout… Sa péridurale avait parfaitement fonctionné, elle était calme, elle se reposait.

Elle a même appelé les infirmières tellement elle constatait que je souffrais, mais tout le monde s’en foutait visiblement, comme si j’étais super douillette, alors que je suis super résistante au mal !

Alors, quand j’ai vu arriver ma maman dans la chambre… Quel bonheur !!!

Elle, tout de suite, elle a vu que j’étais mal. Elle est allée voir les infirmières, et, devant leur manque de réaction, elle avait appelé mon oncle (le médecin), qui avait aussitôt rappelé la clinique afin de demander qu’on me donne quelque chose…

On m’a donc donné un truc, et, comme par miracle, au bout d’un moment, j’ai eu moins mal, et, enfin, je pensais pouvoir me reposer !

Nous étions en fin de matinée, et la puéricultrice me ramenait ma fille dans la chambre pour que je la change et que je lui donne son biberon !

J’en étais bien incapable, alors, c’est ma maman qui l’a fait…

Première couche, et premier gros caca en cadeau !!! lol

Je les regardais, un peu absente, abrutie de fatigue !

Puis, on nous apportait le premier biberon, et c’est également ma maman qui lui a donné.

Je les revois encore, là, devant moi, dans la chambre, ma mère debout, et ma fille dans ses bras. C’était beau, mais en même temps, cela me semblait un peu décalé…

Ma maman avait l’air si heureuse, cela me faisait tellement plaisir de la voir ainsi, elle était belle !

Moi, j’étais vautrée dans mon lit, épuisée, et ne demandant qu’une chose, dormir… Enfin !

Nous étions en toute fin de matinée, je n’avais pas dormi depuis plus de 24 h, et je venais d’accoucher… J’avais besoin de sommeil.

Mais j’avais oublié que nous étions samedi, et que les visites allaient commencer !!!

Leçon à retenir : ne jamais plus accoucher un week-end ! lol

Cela a commencé par le changement de chambre… Je pouvais maintenant bénéficier d’une chambre seule qui s’était libérée.

C’était super mignon, tout rose, et tout neuf !

On m’a donc transférée, et installée.

Puis, toute la famille est arrivée, au grand complet, chacun son tour.

Franck est arrivé avec ses parents, mais alors qu’il s’était fait tout beau cette nuit, ce jour-là, il était arrivé l’oeil pas très frais, une vieille chemise sur le dos, mal peigné, bref, pas super pour rencontrer toute la famille… Il avait également un peu arrosé la naissance visiblement !

J’ai été super gâtée par tout le monde, des fleurs pour la maman, et des cadeaux pour la petite !

Mais, je dois bien l’avouer, même si j’avais été ravie de voir ma grande mère, ma tante, et mes parents, je n’avais qu’une envie, me reposer.

La famille de Franck est, elle aussi, venue nous voir, mais bon, je n’avais pas trop d’atomes crochus avec eux !

Et puis, le soir, enfin, tout le monde est parti, et je pensais que j’allais enfin pouvoir dormir.

J’avais, dans la journée, pu donner le biberon à ma fille, mais pas encore la changer, car j’avais un peu de mal à me lever…

La première nuit arrivait…

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samedi 27 octobre 2007

GROSSIR D'AMOUR (25)


Ça y est, mon bébé est né… Je l’entends crier…

Franck rentre dans la pièce.

Plus tard, il me dira que lorsqu’il m’a entendu crier, il a failli entrer dans la salle pour tous les boxer !

On me tend mon bébé, Franck est à côté de moi…

Mais ce bébé, il est tout sale, plein de sang, et quand le sage femme me le tend en me disant « tenez madame, prenez votre bébé », je la regarde et je dis »je ne sais pas… »…

Elle a du comprendre ce qui se passait, car immédiatement, elle m’a dit, attendez, je vais la mettre dans un linge. Elle a alors attrapé un lange, et l’a essuyée un peu et me l’a mise sur le ventre.

C’était bizarre… Quel rapport y avait-il entre le bébé qui était dans mon ventre, et ce petit être qu’on venait de poser sur moi ?

Je crois que je ne comprenais pas très bien ce qui m’arrivait…

Je l’ai regardée, elle était belle, j’ai demandé si c’était bien une fille au moment ou elle est sortie… J’avais eu peur d’avoir tout acheté en rose, et que ce soit un garçon, ça n’aurait pas été parfait !

Elle avait quand même une tête bizarre… tout en longueur, avec un crâne en forme de cône… On avait rie avec Franck… la sage femme nous avait rassurés en nous disant que c’était normal et que cela allait reprendre une forme normale.

Puis, rapidement, on m’avait repris ce bébé, il était parti avec son père pour faire le bain et les premiers soins.

Moi, j’étais restée là, à nouveau seule, vide, pour expulser le placenta, et recoudre l’épisiotomie…

Cela m’a paru durer des heures.

Au bout d’un moment, Franck est revenu avec notre fille. On me l’a mise dans ces berceaux transparents que l’on trouve dans toutes les maternités.

J’avais choisi le pyjama qu’on devait lui mettre. Une sage femme me l’avait gentiment demandé.

On est restés là, un moment tous les trois, à se sourire, à se regarder. Elle était si belle… On avait réussi à faire un si joli bébé…

Il était minuit 40, le 5 octobre quand elle est née.

J’avais demandé à Franck de prévenir mes parents qui étaient là, mais je ne le savais pas.

J’aurais pu les voir avant de commencer l’accouchement, mais Franck les avait prévenus trop tard.

J’ai demandé à les voir, mais l’équipe a refusé car il était trop tard.

J’ai dit à Franck de rentrer à la maison, car je devais rester en salle d’accouchement encore deux heures, avant d’aller dans une chambre.

En plus, pour ce soir, je serais dans une chambre à deux lits…

J’avais toujours des contractions, je souffrais beaucoup, j’étais épuisée !

J’ai demandé à ce que l’on me donne un calmant, mais rien !

Au bout de deux heures, on a finit pas m’installer dans un lit, mais impossible de dormir, j’avais toujours des contractions… j’ai eu des contractions jusqu’au lendemain 10 heures !

Et autant, avoir des contractions pour avoir son bébé, on est préparés, mais après, on ne supporte plus !!!

Le lendemain matin, enfin, à la première heure, maman arrivait !

mercredi 24 octobre 2007

GROSSIR D'AMOUR (24)


Me voilà donc arrivée à l’étage de la maternité…

A priori, j’allais accoucher bientôt !

Normalement, tout devait bien se passer. Un accouchement normal. On avait fait des radios pour voir si le bébé passerait bien par mon bassin, et il n’y avait pas de problèmes.

Je me souviens de ces radios, il fallait se contorsionner, mais quand on fait près de 140 kilos, se contorsionner alors qu’on est enceinte de 7 ou 8 mois, ce n’était pas facile.

C’était la première fois que j’avais ressenti une gêne pour un examen médical !

On m’installe donc sur un lit, et on commence le monitoring.

Le monitoring, c’est un truc vachement drôle !

On installe deux sangles atour du ventre, avec deux capteurs, l’un pour le cœur du bébé, l’autre pour les contactions.

On entend donc les battements du cœur du bébé, et on mesure la fréquence et l’intensité des contractions.

Bon, des contactions, il y en avait bien, mais elles étaient totalement inefficaces !

Cela expliquait mon malaise de la veille et le fait que je me sente si fatiguée aujourd’hui.

Franck était parti depuis un bon moment chercher mes affaires, et il ne revenait pas ! Je commençais à trouver le temps long ! Les infirmières aussi d’ailleurs !

On attendait son retour depuis un long moment afin qu’il puisse me rapporter un grand tee-shirt, ou une chemise de nuit avant qu’on me branche la perf, car après, c’était compliqué.

Puis, au bout de plusieurs heures (deux ou trois), on ne pouvait plus attendre, il fallait me passer en salle d’accouchement et me faire une injection d’un produit permettant de déclencher l’accouchement de façon plus efficace.

C’est donc totalement à poil que j’ai rejoint la salle d’accouchement qui ressemblait à s’y méprendre à une salle d’opération !

Quel drôle d’endroit pour accueillir un bébé ! Un univers froid, médicalisé… alors qu’on a juste envie d’un nid douillet… Mais bon, c’était plutôt largement moins pire qu’ailleurs dans cette maternité toute neuve et super moderne.

Me voilà donc installée, on me perfuse, on replace le monitoring, et c’est parti !

Ah !!! Les premières contractions… et c’est pas drôle du tout… putain, ça fait mal !!!

Franck fini pas arrivé… En costume ?!

S’il avait mis autant de temps, c’est qu’il avait pris le temps de prendre une douche, de se peigner, se raser, et de s’habiller en costume, cravate, etc.

Lorsqu’il est arrivé dans la salle d’accouchement, tout endimanché, et avec sa blouse et ses chaussons en papier bleu, j’étais morte de rire !

Je lui demande pourquoi il s’est habillé comme ça, et il me dit qu’il devait se faire beau pour accueillir sa fille ?!

A donc commencé une longue attente… Il était 17-18 heures.

On y était ! J’allais avoir un bébé !!!

J’étais plutôt zen, je n’avais pas peur.

En revanche, j’avais mal.

Respirer, souffler, faire le chien… Tout ça, c’était bien gentil, mais moi j’avais mal.

Franck essayait d’en rire avec moi, pour me détendre !

Ce foutu appareil qui servait à mesurer les contractions était devenu mon ennemi.

Entre chaque contraction, l’affichage était à zéro, et puis, plus la contraction était puissante, plus il montait… je voyais les chiffres grimper, j’avais mal, et je me demandais quand ça allait s’arrêter !!!

Franck plaisantait en me disant : bah non, là tu n’est montée qu’à 27, c’est pas beaucoup, tentes d’améliorer ton score…

Jusque là, le service avait été super tranquille, mais ce soir, nous étions trois femmes à accoucher… Rien dans la journée, et on s’étaient toutes décidées ce soir !

Une sage femme venait régulièrement me voir, et faire « l’inspection » du col de l’utérus…

Elle finit pas décider que c’était le moment de la péridurale.

Chouette !!!

On a donc demandé à Franck de sortir, puis on m’a fait m’asseoir, et on m’a enfoncé une aiguille dans le dos et injecté un produit !

C’était censé m’anesthésier tout le bas du corps ! J’attends toujours ?!!!!

Il faut dire que le travail n’avançant pas très vite, ils avaient mis la dose pour le déclencher… par deux fois !!!

Et puis, d’un seul coup, alors que j’entendais qu’il y avait déjà de l’agitation dans le couloir car une autre femme accouchait, j’ai senti un truc bizarre… Comme une envie de pousser… que dis-je, une envie, un besoin !

J’avais déjà perdu les eaux… et aux cours de préparation à l’accouchement, il nous avait bien parlé de ce moment ou on a besoin de pousser…On ne comprend pas très bien quand ils en parlent, mais là, je voyais tout à fait ce qu’ils voulaient dire !!!

J’ai donc demandé à Franck d’aller chercher quelqu’un car là, j’accouchais…

Il m’a regardé d’un air étonné, en me disant, bah attends là, ils sont occupés…

Hein, comment ça, ils sont occupés, mais je m’en fou moi, j’accouche là, maintenant ! Il faut aller chercher quelqu’un.

C’est à ce moment là, que j’ai vu les premiers signes de panique dans son regard ! Jusque là, il avait fait bonne figure, ou du moins, il avait tenté, en faisant quelques blagues, mais là, il flippait !!!

Il venait de comprendre que le bébé arrivait…

Il a donc détalé et est allé chercher quelqu’un.

La sage femme est arrivée, et a appelé du renfort en criant un peu…

C’était la panique… les produits injectés avaient fini par avoir de l’effet…

Il y a une demie heure on pensait avoir encore du temps, mais là, le bébé était là ! Il voulait sortir !!!

Panique à bord, le médecin est en train de terminer un accouchement, et rien n’est prêt pour moi !

Vite on installe les étriers, on m’installe correctement, et on commence…

Quand je vous le dis, vous poussez madame !

Euhhh, jusque là,j’avais été zen, mais là, maintenant, c’était la grande, la très grande panique.

Je n’avais qu’une envie, que ma mère soit là pour me tenir la main !!!

Tout mon corps tremblait… Ils me disaient de pousser, mais moi, j’avais mal ! Cela faisait des heures que je supportais les contractions, et leur putain de péridurale n’y avait rien changé. Je sentais très bien mes pieds, mes jambes, et mon bassin…

Je sentais aussi la tête du bébé qui ne passait pas !

Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai demandé à Franck de sortir.

Ce moment me semblait très intime, et je n’avais pas envie qu’il me voit ainsi, peut- être.

Il est donc sorti, les sages femmes sont arrivées pour m’aider…

Je me revois encore hurler sur le médecin… Lui me disant : poussez madame, et moi lui répondant, mais je pousse, mais vous ne voyez pas qu’elle ne passe pas !!! Je sens que ça va me déchirer !!!

Il avait alors passé un peu de vaseline, et finalement pratiqué un épisiotomie.

Et puis, oh miracle, le bébé sort…

A ce moment là, j’ai immédiatement ressenti comme un grand vide, comme si quelque chose venait d’être aspiré à l’extérieur de moi, une grande tristesse, immense et profonde… Ce moment, aujourd’hui encore, quand j’y pense j’arrive à le ressentir presque physiquement.

A nouveau, j’étais vide à moi-même !

mardi 23 octobre 2007

GROSSIR D'AMOUR (23)


Le prénom était choisi, et nous n’attendions plus qu’elle !

La dernière échographie montrait un bébé en pleine forme, mais qui n’avait pas assez grossi… Il fallait que je me repose.

J’étais heureuse, impatiente. Pourtant, il y avait une petite ombre au tableau.

Certes, je n’avais pas pris de poids, mais comme j’étais grosse, on ne voyait pas vraiment que j’étais enceinte.

Je n’ai pas connu ce bonheur immense de voir mon ventre s’arrondir, jusqu’à devenir tellement rond qu’on a l’impression qu’il va exploser !

Oui, j’étais plus ronde, c’est certain, mais la graisse qui recouvrait mon ventre ne lui donnait pas cet aspect rond et tendu… Je paraissais surtout plus grosse que d’habitude !

J’étais malheureuse de cela, car quand on attend un bébé, on a envie de le dire à tout le monde, de le crier sur les toits, de l’afficher… Et, ipso facto, c’est ce qui se passe normalement… Pas simple de cacher sa grossesse quand on est mince ?!

Il faisait très chaud cet été là ! C’était horrible !

Depuis deux semaines, je n’en pouvais plus d’attendre… Maintenant, il fallait qu’il vienne ce petit bout de chou !!

J’ai quand même fini par me reposer un peu en toute fin de grossesse…

J’étais à quelques jours d’accoucher, et je n’en pouvais plus. Nous étions début octobre, et la naissance était prévue pour le 7…

Le 3 octobre, au moment d’aller me coucher, alors que Franck regardait la télévision, j’avais été prise d’un terrible vertige… Mais bon… je m’étais couchée, et j’avais dormi.

Le lendemain matin, Franck était parti ou boulot, et moi, j’étais restée au lit… J’étais un peu barbouillée, je me sentais « bizarre », fatiguée.

Tout naturellement j’ai donc appelé la maternité qui m’a dit qu’il fallait venir.

De toute façon, mes affaires et celles du bébé étaient prêtes depuis 3 mois !!!

Je suis donc allée prendre une douche, mais je ne me sentais pas d’aller seule à la maternité, j’étais fatiguée.

Franck n’avait toujours pas eu l’autorisation de repasser son permis de conduite, mais cela ne l’empêchait pas de prendre la voiture de temps en temps !

A son retour du travail, nous sommes donc partis tous les deux à la maternité, comme ça, sans rien.

Arrivée là bas, ma gynéco n’était pas là, mais il y avait un autre médecin. Je l’avais déjà croisé lors de mes consultations.

En arrivant dans son cabinet, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire qu’il avait de superbes yeux bleus ! Je ne sais pas ce qui m’a pris, et quand j’y repense, je suis morte de honte.

J’étais enceinte de neuf mois, et je venais de lui dire ça, en m’allongeant sur la table d’examen !!!

En m’auscultant, il a constaté que j’avais des contractions, et qu’il fallait que je monte pour faire un monitoring.

Moi, j’étais arrivée là, les mains dans les poches… J’ai donc renvoyé Franck à la maison chercher mes affaires.

Il devait être 14 h !

dimanche 21 octobre 2007

GROSSIR D'AMOUR (22)


Mon quotidien d’alors était rythmé par les allée et venue de Franck. Je vivais à sa cadence, en fonction de son boulot.

Côté bouffe, ce n’était pas mieux, mais ce n’était pas pire.

Nous mangions toujours ensemble le soir, et dans la journée, je grignotais… Comme d’habitude… Mon alimentation n’avait pas varié d’un pouce… Je mangeais toujours les mêmes aliments, toujours aussi peu variés !

Il m’était toujours impossible de goûter quelque chose que je ne connaissais pas.
Nous préparions l’arrivée de ce bébé, enfin surtout moi.

Franck, lui, voyait bien que j’étais enceinte, mais je crois que pour les hommes, c’est beaucoup plus abstrait.

Nous, les filles, on a cette chance immense, de sentir ce bébé grandir en nous. Nous sommes maman bien avant la naissance.

J’ai été maman de ce bébé dès que je l’ai vu lors de la première échographie.

On voyait déjà une forme humaine… Je me souviens, je regardais l’écran, et mon ventre, puis à nouveau l’écran, et mon ventre… Pas de doute, ce que je voyais à l’écran, c’était bien ce qui était dans mon ventre… un bébé… Pas une projection de bébé, mais un petit être avec une tête, deux bras, deux jambes… une personne ?!

Et puis, il y avait eu ce moment qu’on n’oublie jamais. Celui ou un soir, couchée sur le canapé, j’ai senti un mouvement, là, tout à l’intérieur de moi… comme le frémissement de deux petites ailes de papillons… les premiers coups de pieds ou gestes du bébé… On ne comprend pas très bien ce qui se passe… Non, ça ne peut pas être ça, ce serait trop merveilleux… Alors il existe bien… Il est bien là… Il bouge !!!

On pleure bêtement, on est envahit par l’émotion… et on reste à jamais marqué positivement par ce moment exceptionnel !

Comment ne pas prendre conscience, à ce moment là, qu’on va devenir maman ?!

Il y a également cet autre moment, ou l’on nous annonce le sexe du bébé…

Jusque là, on parlait d’avoir un enfant. On s’imaginait bien un bébé… Mais quand on apprend son sexe, on se projette… On achète les premiers pyjamas…. Bleus ou roses !

L’achat du premier pyjama, c’est aussi cela devenir maman…

Franck, lui, tout cela, il ne l’avait pas vécu ainsi. Il n’avait pas été présent au moment des échographies, par exemple !

Il faut dire qu’il y a 16 ans, les hommes n’étaient pas encore très au point la dessus !!!

On sortait à peine du rôle traditionnel du père, distant avec ses enfants… Tout juste !

Finalement, ce serait pour nous… du rose !

Oui, nous allions avoir une fille !!!

Nous nous étions mis d’accord, si c’était un garçon, je choisissais le prénom, si c’était une fille c’était lui…
J’aurais voulu un prénom doux comme Sophie, Marjorie, Charlotte, ou Alizée… Mais j’avais le choix entre Fabienne, et Jennifer ?!

Avez-vous remarqué comme certains prénoms on une forte connotation ?

J’avais connu une Fabienne, quand j’étais gosse ! Une vraie peste !!!

Du coup, le choix fût vite fait !!!

vendredi 19 octobre 2007

GROSSIR D'AMOUR (21)


Et si, après tout, de nos deux errances, de nos deux malheurs, on pouvait faire quelque chose de bien ?

Et si, finalement, l’histoire se finissait bien, comme dans les films… Pourquoi pas ?

Pourquoi ne pas nous donner une chance d’y arriver, pourquoi on n’y arriverait pas, nous aussi, à construire notre petit nid d’amour, notre cocon, loin de notre enfance et de ses douleurs, loin de ce quotidien qui, parfois, nous agresse ?

Pourquoi ne pas la tenter, cette chance ?

Après tout, d’autre y arrivent bien, pourquoi pas nous, pourquoi pas moi ?

Et puis, je pouvais le comprendre, je devais le comprendre, et l’aimer, plus encore, et c’était certain, comme cela, grâce à l’amour, je le sauverais, je nous sauverais.
Pour le moment, il n’y avait plus qu’une seule chose qui comptait, ce petit être qui grandissait en moi.

J’avais acheté un livre sur la grossesse qui expliquait le développement du bébé semaine par semaine.

C’était devenu mon livre de chevet, je crois que je le connaissais pas cœur ! Je ne voulais rien rater, je voulais tout savoir !!!

Alors, durant ces neuf mois, ma vie a été rythmée par l’attente de ce bébé. Rien d’autre ne comptait plus, j’étais comme protégée.

Il grandissait en moi, et je n’étais plus seule… Plus jamais je ne serais seule !!!
Franck a perdu son boulot, en a retrouvé un autre du même genre moins loin, mais pas plus accessible.

Je ne travaillais plus, j’étais coupée de tout le monde… Il y avait la pétanque le week-end, l’alcool, et entre ces périodes, la semaine ou tout se passait à peu près bien.

Comme je ne travaillais pas, je passais pas mal de temps chez mes parents qui, eux, bossaient encore !

Avec ma mère, on préparait l’arrivée de ce bébé… On avait un « projet commun »…
Il fallait que tout soit parfait… Je suis allée acheter une super belle chambre, une jolie commode, et un super lit… et tout ce qu’il fallait pour accueillir cet enfant déjà roi.

Côté santé, tout allait plutôt pas mal, si l’on exclut le fait que j’ai vomi pendant 9 mois… mais on s’habitue très vite !!!

Je n’avais pas pris de poids, pas un gramme. J’étais en forme, je passais mon temps à me promener !

Ma mère me disait que je finirais pas accoucher dans un supermarché !!! Elle n’avait pas tort !

La gynéco qui m’a suivie durant toute ma grossesse était absolument géniale. A aucun moment elle ne m’a fait culpabiliser, jamais une remarque. Elle m’a toujours considérée comme une maman normale, qu’elle accompagnait au mieux pour parvenir à une fin de grossesse la plus épanouissante possible.

Neuf mois durant lesquels, moi aussi, j’étais comme enveloppée par un pseudo utérus me protégeant de l’extérieur… Ni les coups, ni les problèmes d’argent qui se profilaient ne m’atteignaient vraiment…